[:fr]Lettre ouverte du Collectif des femmes sans statuts de Montréal[:en] Open Letter from the Non-Status Women’s Collective of Montreal[:es]Carta abierta del Colectivo de mujeres sin estatus de Montreal[:]

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Membre du Collectif donne la lettre au ministre d’immigration Ahmed Hussen

Livrée au bureau de M. Justin Trudeau à Montréal, le 27 novembre 2015

Nous, femmes et mères sans statuts, qui vivons et travaillons dans l’ombre, invisibles et exclues, nous interpellons l’opinion publique, ensemble, pour la première fois.

Nous vivons dans la précarité à cause de notre statut d’immigrante. Ce statut précaire menace notre sécurité, notre liberté en tant que femmes, nos droits en tant que travailleuses, et notre vie de famille. De nombreuses manières, notre futur et nos rêves sont bloqués. Nos enfants, né-e-s ici ou résidant ici depuis des années, sont terrorisé-e-s par la menace d’une déportation, qui les arracherait à leur école, leurs camarades et leur vie sociale, ou qui les séparerait d’un de leur parent. Certaines familles ont déjà été brisées par la déportation d’un de leur membre et attendent dans l’angoisse d’être à nouveau réunies.

Nous travaillons ici, et contribuons à la richesse du Canada. Nous nettoyons vos maisons, servons dans vos restaurants, travaillons à la chaîne, nous produisons la nourriture que vous mangez. Nous payons des taxes. Pourtant, nous demeurons exclu-e-s de l’ensemble des biens sociaux : l’éducation, les soins de santé, les allocations pour enfants, les garderies, le chômage… Nous sommes parmi les personnes les plus exploitées dans la société : nous travaillons de longues heures dans des conditions très difficiles, nous ne bénéficions pas du salaire minimum, nous n’avons pas de protection sociale, nous ne sommes pas syndiquées. Malgré nos compétences et nos qualifications, nous n’aurons jamais de promotion et nous ne pourrons pas, comme tout le monde, gravir les échelons.

Nous, signataires de cette lettre, sommes parmi des dizaines voire des centaines de milliers de sans statuts au Canada. Monsieur Trudeau a été élu dans une circonscription de Montréal où réside des milliers de sans statuts. Mais officiellement, nous n’existons pas.

Pendant des années, nous nous sommes battu-e-s pour régulariser nos statuts. Nous avons rempli des listes infinies de dossiers,coûteux et longs : nous avons fourni la preuve de chaque détail de nos vies, encore et encore. Nous sommes tanné-e-s de remplir des formulaires et de rassembler des documents, en attendant une réponse arbitraire, avec incertitude et la peur au ventre. Parmi nous, certaines ont des diplômes, d’autres pas, beaucoup ont des familles, alors que d’autres sont seules : nous sommes venues au Canada pour différentes raisons et nous ne pouvons plus repartir. Nous ne voulons pas être jugé-e-s individuellement mais simplement accepté-e-s en tant qu’être humain, à égalité avec les autres membres de la société. Nous aimerions que le cas par cas ne soit plus la règle.

Aujourd’hui, nous nourrissons un grand espoir suite aux nombreuses déclarations du nouveau Premier Ministre et de Madame Grégoire. Peut-être sommes-nous naïves d’y croire… mais sans espoir, nous ne pouvons pas vivre.

Monsieur Trudeau s’est engagé à prendre des mesures immédiates pour rouvrir les portes du Canada et faire de la réunification des familles une priorité (1). Ouvrir les portes du Canada aux immigrant-e-s, aux familles et aux réfugié-e-s est une très bonne nouvelle ! Si le gouvernement a la possibilité et la volonté d’accueillir de nouvelles personnes, il a aussi le pouvoir et – nous l’espérons vivement – la volonté de nous accueillir et de réunifier nos familles : nous qui résidons, travaillons et élevons déjà nos enfants ici depuis des années. Nous participons à la vie sociale et communautaire de Montréal, nous sommes engagé-e-s dans des actions bénévoles, nous sommes déjà intégré-e-s.

M. Trudeau et Mme Grégoire ont aussi exprimé leurs positions pour les droits des femmes et le futur de nos jeunes. Nous sommes certain-e-s que ces droits qui leur sont si chers nous concernent également, nous qui sommes parmi les femmes les plus vulnérables de ce pays, nous sommes convaincues que M. Trudeau pense aussi à nos enfants lorsqu’il affirme : « Chaque enfant mérite de grandir dans un monde où la discrimination, la violence et l’exploitation n’existent pas et d’avoir une saine alimentation, des soins de santé adéquats, une bonne éducation et un milieu de vie sécuritaire. » (2).

Nous vivons ici, nous resterons ici. Ceci est notre maison et celle de nos enfants. Nous voulons vivre dans la dignité, la paix et la stabilité, nous voulons que la peur qui sans cesse nous habite se dissipe. Nous attendons avec espoir que ce nouveau gouvernement montre toute l’humanité dont il a tant parlé, nous espérons un changement qui, pour une fois, nous inclurait aussi…

Par cette lettre, nous demandons à être reçues par le Premier ministre et Mme Grégoire, pour discuter de nos revendications et leur faire part de nos luttes quotidiennes.

Nous demandons au Premier ministre de bien vouloir se prononcer sur la question de la régularisation des sans statuts au Canada.

Le collectif des femmes sans statuts de Montréal
Montreal, 26 Novembre 2015

* Fatma mère de quatre enfants, travailleuse temps partiel dans un restaurant, inquiète pour l’avenir de ses enfants

* Emma, mère de 2 enfants, travailleuse à temps partiel dans un épicerie, en lutte depuis neuf ans pour ses papiers, enfants souffrant de la séparation d’avec leur père, qui a été expulsé il y a plus d’un ans.

* Sabrina, mère de 3 enfants, travailleuse comme femme de ménage chez des Canadiens, maman et enfants épuisés

* Marie, en recherche d’emploi, mère de 2 enfants, souhaitant un meilleur avenir pour eux ici au Canada

* Fatima, 30 ans, célibataire, caissière, fatiguée physiquement et mentalement après 9 ans de course.

* Angélique, femme sans statut, mon mari a été expulsé ; c’est très dur de maintenir mes quatre enfants seule

* Emelyne, mére de la petite Rose, depuis 2 ans je me bats pour retrouver des droits dans ce pays après son père nous a agressé.

* Sofia, Je suis ici depuis 5 ans, le gouvernement a rejeté mon dossier. Selon mon avocat, c’est parce que je suis Mexicaine, étant donné que j’avais tout fait pour être acceptée. Je suis une femme honnête et responsable, je travaille pour subvenir à mes besoins et ceux de ma mère qui est âgée et malade au Mexique. Durant mon précédent emploi, j’ai été confrontée à la discrimination, aux cris, à l’exploitation, parce qu’ils connaissaient ma situation et en ont fait de même avec les autres dans la même situation. Pendant 11 mois, j’étais blessée à la main à cause de mon travail, je n’ai eu aucune compensation, et je n’ai pas pu m’arrêter de travailler. Mes sœurs et moi subissons beaucoup d’injustice et de stress. Je cherche présentement du travail, et surtout, je voudrais de l’espoir pour nous toutes, d’avoir une vie digne, et de cesser de vivre dans l’isolement et la peur. J’en appelle à votre humanisme, parce que nous avons tou-te-s des filles, des sœurs et des mères, et que nous ne voulons pas qu’elle souffre de cette manière! Merci!

* Ana, Je suis une mère de deux enfants. Nous avons 9 ans ici, mes deux enfants ont fait leur vie ici et nous ne voulons pas les amener à l’insécurité qui existe au Mexique avec son gouvernement corrompu.

* Lucinda

* Leonor, Nous les personnes qui n’avons pas un statut, nous avons fait un vie ici et nous nous battons pour avoir les mêmes droits, comme tout le monde.

* Khurshid Begum Awan, age 60

* Guadalupe, mère monoparentale, mexicaine avec 4 enfants.  arrivée ici en 2008 et demandé la protection du gouvernement de Canada, mais refusée. peur de retorné à mon pays, j’attendais ici avec l’espoir d’être accepté avec un recours humanitaire. mon fils a été deporté en 2014. je n’ai pu rien faire.

* Anne-Marie

* Rosmarie, sans papiers pour plus de 30 ans

* Itzel Gladin Garcia, deux enfants. Epuisé et fatigué. Le système a enlevé ses enfants mais elle se battre pour ses enfants et continue la lutte

* Nur: je suis ici depuis 2012. j’ai une fille et un garçon. mes enfants aiment aller à l’école mais l’incertitude et menace de déportation le rend difficile. Je suis presque sans espoir, et j’ai de la difficulté à donner de l’espoir à mes enfants. Et ça devient plus difficile. J’ai pas de famille ici et mon mari est parti, me laissant avec les enfants. Je suis fatiguée, epuissée. Je cherche de l’aide pour moi et les autres femmes dans ma situation. Je me demande toujours pourquoi nous sommes traité differement, sans les mêmes droits que les autres ici.

* Amanda, mère Hongroise avec deux enfants et mon mari, demandé la protection du gouvernement de Canada mais refusée : peur de retourné à mon pays, j’attends l’humanitaire avec ma famille

* Rosalinda, jeune fille sans statut, j’attends ici avec l’espoir d’être accepté avec un recours humanitaire avec ma famille

*Kimberly Je suis une femme seule, sans appui de personne, j’ai trois enfants y je six ans dans cette pays sans status est je suis en train de lutter pour avoir les papiers

*Mylène. Je suis arrivée au Canada pour travailler et parce que j’aimais ce pays. J’ai obtenu un permis de travail fermé pour un employeur qui a abusé de cette situation. Aujourd’hui je ne peux donc pas travailler légalement  alors que je suis qualifiée ,parfaitement bilingue ,parfaitement intégrée. J’aime le Quebec Je refuse de croire qu’il n’ y a pas de places ici pour nous femmes sans statuts! Je ne demande aucune allocation. Juste le droit de travailler dignement et librement.

*Wided, sans emploi et dans l’incapacité de se soigner après avoir subi deux fausses couche. Sans statut, je n’ai pas les moyens d’assumer les frais exorbitants demandés par les hôpitaux!

*Je suis Josette Mbia  je  suis arrivée au canada il y a quelques temps et je vis sans papiers, et j’aimerais que ma situation change. Je crois en ce groupe qui se bat pour nous sortir de la misere  dans laquelle nous nous trouvons.

Si vous êtes une femme sans statut et que vous voulez signer cette lettre, écrivez-nous en décrivant brièvement votre situation, à : femmes.sans.statuts@gmail.com

(1) www.liberal.ca/fr/changerensemble/reunification-des-familles/
(2) www.pm.gc.ca/fra/nouvelles/2015/11/20/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-la-journee-nationale-de

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Collectif des femmes sans statuts de Montréal
femmes.sans.statuts@gmail.com[:en]

Membre du Collectif donne la lettre au ministre d’immigration Ahmed Hussen

Delivered to Justin Trudeau’s office in Montreal on November 27th, 2015

We are women and mothers who live and work in the shadows, invisible and excluded. We are addressing the public for the first time together.

We live in precarity because of our immigration status. Our precarious status threatens our security, our liberty as women, our rights as workers, our families. In many ways our futures, our dreams, are blocked. Our children – born here or living here for years – are terrorized by the constant menace of deportation, which threatens to tear them away from their schools, friends and communities, or even separate them from parents. Some families have already been broken apart by the deportation of a family member and only hope to one day be reunited.

We work here, we contribute to the wealth of Canada. We clean your homes, serve you in restaurants, work on assembly lines, produce the food you eat. We pay taxes. However, we are excluded from all social programmes: education, healthcare, child benefits, daycare, unemployment insurance. We are among the most exploited people in society: we work long hours in very difficult conditions, we do not get minimum wage, we do not have job protection, we are not unionized. Despite our skills and our qualifications, we will never be promoted or “rise in the ranks” like others.

We who sign this letter are among tens or even hundreds of thousands of non-status people in Canada. Mr. Trudeau was elected in a Montreal riding where thousands of non-status people live. But, officially, we don’t exist.

For many years, we have struggled to regularize our status. We have filed endless documents in long and costly procedures; we have proven every aspect of our lives, over and over again. We are tired of filling in forms and gathering documents and waiting for arbitrary decisions in fear and uncertainty. Some of us have degrees, some of us don’t; some have familes, others are single; we came to Canada for different reasons and we can’t leave. We don’t want to be judged individually on a case by case basis but simply accepted as human beings, equal to all other members of society.

Now, many statements made by the new Prime Minister and Ms Gregoire fill us with new hope. Maybe we are naive to hope, but without hope we cannot live.

Mr. Trudeau has said he “will take immediate steps to reopen Canada’s doors, and will make reuniting families a top priority”(1). Opening the borders to immigrants, families and refugees is good news! If the government has the power and will to bring in new people, it also has the power and, we dare to hope, the will to welcome us and reunite our families; we who have been working, volunteering, contributing to society, and raising our children here for years and are already “integrated”.

Mr. Trudeau and Ms Grégoire have also spoken strongly about their commitment to the rights of women and to a good future for youth. Surely those rights extend to us too, who are among the most vulnerable women in the country; and surely Mr. Trudeau also had our children in mind when he said, “Each child deserves to be raised in a world free of discrimination, violence, and exploitation, and each one deserves to grow up with proper nutrition and health care, a good education, and safe communities.”(2)

We live here; we will remain here. This is our home and our children’s home. We want to live in dignity, peace and stability; we want an end to the fear that constantly tortures us. In hope, we await the humanity this new government promises; we hope for change that, for once, also includes us.

By means of this letter, we are asking the Prime Minister and Ms Grégoire to meet us to listen to our demands and hear about our everyday struggles.

We are also asking the Prime Minister to take a position on the regularization of non-status people in Canada.

Non-status Women’s Collective of Montreal
26 November 2015, Montreal

* Fatma, mother of four children, part-time restaurant worker, afraid for the future of her children

* Emma, mother of two children, part-time worker in a grocery store, nine years struggling for papers, children suffering from separation from their father who was deported more than a year ago

* Sabrina, mother of three children, working cleaning homes of Canadians, mom and kids exhausted

* Marie, looking for work, mother of two children, hoping for a better future for them in Canada

* Fatima, 30 ans, single, cashier, physically and mentally exhausted after 9 years of struggle.

* Angélique, non status woman whose husband was deported; it’s very difficult to support my four children alone

* Emelyne, mother of Rose, have struggled for two years for rights in Canada after my daughter’s father assaulted us

* Sofia, I have been here 5 years, the government rejected my case because I am Mexican, that is what my lawyer said because I did everything to be accepted. I am a responsible and honest woman, I work to support myself, and my mother who is elderly and sick in mexico. In my last job i faced discrimination, shouting, and exploitation because they knew my situation, and they did the same to other people in the same situation. for 11 months i had a hand injury, because of the heavy work, and there was no compensation, and I could not stop working. my sisters and i face many injustices and stress. Now I am looking for work, and above all hope for us, to have a dignified life, and stop living in isolation and fear. I call on your human side, because we all have daughters and sisters and mothers who we do not want to suffer the same, thank you !!

* Ana, I am a mother of two children. We’ve been here 9 years, my two children have made their lives here and we don’t want to bring them to the insecurity that exists in Mexico, with its corrupt government.

* Lucinda

* Leonor, we people without status, we have made a life here and we are fighting to have the same rights, like others.

* Khurshid Begum Awan, 60 years old

* Guadalupe, single mother, Mexican and mother of four. came in 2008 to seek protection from government of Canada but refused. afraid of returning to Mexico, waited her in hope of being accepted on humanitarian grounds. my son was deported in 2014. i couldn’t do anything.

* Anne-Marie

* Rosmarie, living without status for over 30 years

* Itzel Gladin Garcia, two children. exhausted. the system kidnapped her children but she is fighting for her kids and is continuing the struggle.

* Nur: I have been here since 2012. I have a daughter and a son. My children like going to school but the uncertainty and threat of deportation makes that difficult. I feel almost hopeless and have difficulty giving hope to my children. It’s getting harder. I don’t have family here and my husband left, leaving me with the children. I am tired, exhausted. I am seeking help for me and other women in my situation. I ask myself all the time why we are treated differently, without the same rights as other people here.

* Amanda, Hungarian mother with two children and my husband requested protection of the government of Canada but was refused: afraid to return to my country, I am waiting for the humanitarian with my family

* Rosalinda, young woman without status, I am waiting with hope to be accepted on a humanitarian application with my family

*Mylène. Je suis arrivée au Canada pour travailler et parce que j’aimais ce pays. J’ai obtenu un permis de travail fermé pour un employeur qui a abusé de cette situation. Aujourd’hui je ne peux donc pas travailler légalement  alors que je suis qualifiée ,parfaitement bilingue ,parfaitement intégrée. J’aime le Quebec Je refuse de croire qu’il n’ y a pas de places ici pour nous femmes sans statuts! Je ne demande aucune allocation. Juste le droit de travailler dignement et librement.

* Kimberly Je suis une femme seule, sans appui de personne, j’ai trois enfants y je six ans dans cette pays sans status est je suis en train de lutter pour avoir les papiers

*Wided, sans emploi et dans l’incapacité de se soigner après avoir subi deux fausses couche. Sans statut, je n’ai pas les moyens d’assumer les frais exorbitants demandés par les hôpitaux!

*Je suis Josette Mbia  je  suis arrivée au canada il y a quelques temps et je vis sans papiers, et j’aimerais que ma situation change. Je crois en ce groupe qui se bat pour nous sortir de la misère  dans laquelle nous nous trouvons.

If you are a non-status woman and would like to add your name to this letter, please email a brief description of your situation to: femmes.sans.statuts@gmail.com.

(1) www.liberal.ca/realchange/reuniting-families/_
(2) http://pm.gc.ca/eng/news/2015/11/20/statement-prime-minister-canada-national-child-day

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Non-status Women’s Collective of Montreal
femmes.sans.statuts@gmail.com[:es]

Membre du Collectif donne la lettre au ministre d’immigration Ahmed Hussen

llevada a la oficina de Justin Trudeau en Montreal, el 27 de noviembre del 2015

Nosotras, mujeres y madres sin estatus, que vivimos y trabajamos en la sombra, invisibles y excluidas, interpelamos a la opinión pública, unidas, por la primera vez.

Nosotras vivimos en la precariedad a causa de nuestro estatus de inmigrantes. Este estatus precario amenaza nuestra seguridad, nuestra libertad en tanto mujeres, nuestros derechos en tanto trabajadoras, y nuestra vida de familia. De diferentes maneras, nuestro futuro y nuestros sueños están bloqueados. Nuestros hijos e hijas, nacidos y nacidas aquí o que residen aquí desde hace muchos años, están terrorizados por la amenaza de una deportación, lo que los arrancaría de la escuela, de sus amigos y de su vida social, o que los separaría de un padre o madre. Algunas familias han sido ya separadas por la deportación de uno de sus miembros y esperan con angustia poder estar de nuevo reunidas.

Nosotras trabajamos aquí, y contribuimos a la riqueza de Canadá. Nosotras limpiamos sus casas, servimos en sus restaurantes, trabajamos en cadena, producimos la comida que ustedes comen. Nosotras pagamos impuestos. Sin embargo, vivimos aquí excluidas del conjunto de bienes sociales: la educación, los cuidados de salud, las subvenciones para los niños y niñas, las guarderías, el seguro de desempleo. Somos las más explotadas entre las personas más explotadas de la sociedad: trabajamos largas horas en condiciones muy difíciles, no nos beneficiamos del salario mínimo, no tenemos protección social, no estamos sindicalizadas. A pesar de nuestras competencias y calificaciones, nunca tendremos un ascenso y no podremos, como todo el mundo, ascender los escalones.

Nosotras, que firmamos esta carta, hemos luchado para regularizar nuestro estatus. Hemos llenado listas infinitas de dossiers, costosos y largos: hemos dado pruebas de cada detalle de nuestras vidas, muchas veces. Estamos aburridas de llenar formularios y juntar documentos, esperando una respuesta arbitraria, con incertidumbre y el miedo en el vientre. De nosotras, algunas tienen diplomas, otras no, muchas tienen familias, otras son sólo ellas: vinimos a Canadá por diferentes razones y ya no podemos irnos. No queremos ser juzgadas individualmente sino que simplemente aceptadas en tanto que seres humanos, en igualdad con los otros miembros de la sociedad. Nos gustaría que el caso por caso ya no sea la regla.

Hoy día, tenemos muchas esperanzas luego de las numerosas declaraciones del nuevo Primer ministro y de Mme. Grégoire. Quizás somos ingenuas al creer… pero sin esperanza, no podemos vivir.

El Sr. Trudeau se comprometió a tomar medidas inmediatas para reabrir las puertas de Canadá y hacer de la reunificación de las familias una prioridad (1). ¡Abrir las puertas de Canadá a las y a los inmigrantes, a sus familias y a las y a los refugiadas y refugiados es una muy buena noticia! Si el gobierno tiene la posibilidad y la voluntad de acoger a nuevas personas, él también tiene el poder y – lo esperamos vivamente – la voluntad de acogernos y de reunificar nuestras familias: nosotras que hemos residido, trabajado y criado a nuestros hijos aquí desde hace años. Nosotras participamos en la vida social y comunitaria de Montreal, nosotras estamos comprometidas en acciones de voluntariado, estamos ya integradas.

El Sr. Trudeau y la Sra. Grégoire expresaron también sus opiniones respecto al derecho de las mujeres y al futuro de nuestros jóvenes. Nosotras estamos seguras que estos derechos que les son tan queridos nos conciernen igualmente, nosotras que estamos entre las mujeres más vulnerables de este país, estamos convencidas que el Sr. Trudeau piensa también en nuestros hijos e hijas cuando afirma que “cada niño y niña merece crecer en un mundo donde la discriminación, la violencia y la explotación no existen y tener una alimentación sana, cuidados de salud adecuados, una buena educación y un medio de vida seguro” (2).

Nosotras vivimos aquí, nosotras nos quedaremos aquí. Esta es nuestra casa y la de nuestras hijas e hijos. Queremos vivir en la dignidad, la paz y la estabilidad, queremos que el miedo que sin cesar nos habita, se disipe. Esperamos con esperanza que este nuevo gobierno muestre toda la humanidad de la que tanto habla. Esperamos un cambio que, por una vez, nos incluya a nosotras también.

A través de esta carta, pedimos ser recibidas por el Primer Ministro y por la señora Grégoire, para discutir de nuestras reivindicaciones y para hacerles parte de nuestras luchas cotidianas.

Le pedimos al ministro que se pronuncie sobre la cuestión de la regularización de las personas sin estatus en Canadá.

El Colectivo de Mujeres sin Estatus de Montreal

Montreal, 26 de noviembre del 2015

*Fatima, madre de 4, trabajadora a tiempo parcial en un restaurant, inquieta por el futuro de sus hijos e hijas.

* Emma, madre de 2, trabajadora a tiempo parcial en un negocio, en lucha después de 9 años por sus papeles, hijos e hijas sufriendo la separación con su padre (quien fue expulsado hace más de un año).

* Sabrina, madre de 3, trabajadora como aseadora en una casa de canadienses, mamá e hijos e hijas cansados.

* Marie, en búsqueda de empleo, madre de 2, deseando un mejor futuro para sus hijo e hija en Canadá.

* Fatima, 30 ans, célibataire, caissière, fatiguée physiquement et mentalement après 9 ans de course.

* Angélique, femme sans statut, mon mari a été expulsé ; c’est très dur de maintenir mes quatre enfants seule

* Emelyne, mére de la petite Rose, depuis 2 ans je me bats pour retrouver des droits dans ce pays après son père nous a agressé.

* Sofia, Hola tengo 5 años aqui, 3 sin status, no tengo familia aqui, yo fui solicitante de refugio, el gobierno rechaza mi caso, por decision politica es decir ser mexicana, y contar con proteccion en mi pais, al menos eso dijo mi abogado. Soy una mujer rsponsable y honesta, he trabajado para mantenerme a mi y ami madre con edad avanzada y enferma en mexico. En mi ultimo trabajo estuve por mas de 2 años, ahi me discriminaron, me daban mas responsabilidades que las demas personas por que ellos sabian mi situacion y sino me gustaba me iba, a ellos no les importaba, me enferme de mi mano por 11 meses por realizar trabajo pesado que solo era de hombres, cargaba muchas cajas pesadas, el jefe me gritaba al punto de aguantar llorar, no hubo consideraciones al verme con la mano lastimada hasta los ultimos 2 meses, tuve varias terapias, fui al medico y todo lo pague yo, me aguante porque no podia parar de trabajar, hay muchas injusticias con gente en mi misma situacion, no aguantaba la presion y el estres, Ahora me encuentro en busca de trabajo y sobre toda una esperanza de que nuestras voces sean escuchadas, tener una vida digna, dejar de estar aislada sin amigos, vivir en armonia sin miedo a todo, no se imaginan el desgaste emocional y fisico que es sobrevivir asi, solo pedimos una oportunidad de tener una vida normal, yo hago un llamado a su corazon, a su lado humano, ustedes no saben todas las cosas que uno pasa, por no tener un papel que te diga eres digna de vivir aqui, ustedes tienen ,hermanas, amigas, madrres y no deseo que pasen lo mismo que nosotras, solo den una oportunidad!! gracias.

* Ana, Soy una madre de dos niños tengo 9 años (ici) y mis dos hijos tienen su vida hecha aqui y no los puedo regresar a la inseguridad que existe en Mexico y su gobierno corrupto.

* Lucinda

* Leonor, Nosotr@s lo que estamos sin un estatus y tenemos nuestra vida hecha aqui lucharemos por tener los mismo derechos que todos.

* Khurshid Begum Awan, âge 60

* Guadalupe, mère monoparentale, mexicaine avec 4 enfants.  arrivée ici en 2008 et demandé la protection du gouvernement de Canada, mais refusée. peur de retorné à mon pays, j’attendais ici avec l’espoir d’être accepté avec un recours humanitaire. mon fils a été deporté en 2014. je n’ai pu rien faire.

* Anne-Marie

* Rosmarie, sans papiers pour plus de 30 ans

* Itzel Gladin Garcia, deux enfants. Epuisé et fatigué. Le système a enlevé ses enfants mais elle se battre pour ses enfants et continue la lutte

* Nur: je suis ici depuis 2012. j’ai une fille et un garçon. mes enfants aiment aller à l’école mais l’incertitude et menace de déportation le rend difficile. Je suis presque sans espoir, et j’ai de la difficulté à donner de l’espoir à mes enfants. Et ça devient plus difficile. J’ai pas de famille ici et mon mari est parti, me laissant avec les enfants. Je suis fatiguée, epuissée. Je cherche de l’aide pour moi et les autres femmes dans ma situation. Je me demande toujours pourquoi nous sommes traité differement, sans les mêmes droits que les autres ici.

* Amanda, mère Hongroise avec deux enfants et mon mari, demandé la protection du gouvernement de Canada mais refusée : peur de retourné à mon pays, j’attends l’humanitaire avec ma famille

*Mylène. Je suis arrivée au Canada pour travailler et parce que j’aimais ce pays. J’ai obtenu un permis de travail fermé pour un employeur qui a abusé de cette situation. Aujourd’hui je ne peux donc pas travailler légalement alors que je suis qualifiée, parfaitement bilingue, parfaitement intégrée. J’aime le Quebec. Je refuse de croire qu’il n’ y a pas de places ici pour nous femmes sans statuts! Je ne demande aucune allocation. Juste le droit de travailler dignement et librement.

*Kimberly Soy una mujer sola sin ayuda de nadie tengo 3 hijos  y tengo  6 años  en este pais sin estatus y estoy luchando para me  regularizarme.

* Rosalinda, jeune fille sans statut, j’attends ici avec l’espoir d’être accepté avec un recours humanitaire avec ma famille

* Wided, sans emploi et dans l’incapacité de se soigner après avoir subi deux fausses couche. Sans statut, je n’ai pas les moyens d’assumer les frais exorbitants demandés par les hôpitaux!

*Je suis Josette Mbia  je  suis arrivée au canada il y a quelques temps et je vis sans papiers, et j’aimerais que ma situation change. Je crois en ce groupe qui se bat pour nous sortir de la misère  dans laquelle nous nous trouvons.

Si usted es una mujer sin estatus y quiere firmar esta carta, escríbanos describiendo brevemente su situación, a femmes.sans.statuts@gmail.com

(1) www.liberal.ca/fr/changerensemble/reunification-des-familles/
(2) www.pm.gc.ca/fra/nouvelles/2015/11/20/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-la-journee-nationale-de[:]